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Entretien entre Jacques SALZER et Christian ROUSSE

Marseille, 14/05/2021

Christian Rousse: Jacques, la FFCM regroupe un grand nombre de centres de médiation et de médiateurs.  Un certain nombre de ces médiateurs te connaissent. Ils tont rencontré en formation ou par tes livres, comme universitaire, enseignant-chercheur et médiateur (1). Tu as aussi contribué à 7 préfaces de livres écrits par dautres.  Je te sollicite aujourdhui, parmi les pionniers comme Jean-Pierre Bonaffé Schmitt, Michele Guillaume-Hohnung, Jacques Faget, Jacqueline Morineau ...etc., pour avoir ton avis.

Les questions sur la médiation aujourdhui sont-elles les mêmes quil y a 30 ans ?

Quest-ce que tu penses de la place de la médiation aujourdhui en France?

Jacques Salzer

Je ne vais pas nier que par rapport à il y a 30 ans, il y a eu une évolution quantitative et qualitative considérable tant en médiation conventionnelle qu’en médiation judiciaire. Il faut y ajouter la généralisation de la médiation de la consommation.

Il n’en reste pas moins que si tu me demandes mon avis, j’ai envie de répondre que,  la médiation comme pratique demeure minoritaire. C’est une minorité active qui pousse à la médiation mais elle est loin d’être une pratique courante et majoritaire et il y a un certain nombre de raisons à cela. J’avais présenté à Onali en Espagne, en 1996, 21 nuances de résistances et refus de médiation que j’avais observées, sans même parler des résistances au cours de ces années-là du corps des avocats et des magistrats (qui ont beaucoup évolué positivement, avec l’Etat qui y a aussi contribué).  Je les ai écrites dans un article (2) de la très sérieuse revue NÉGOCIATIONS

Ces résistances et refus ne me semblent pas avoir changé grandement chez les acteurs. Quelques entreprises semblent y être venues, après expérience. Les quantités et l’offre de médiation a augmenté: chez les prescripteurs, des juges sont venus à la médiation comme des médecins, des notaires, des avocats, des architectes, des maires et des collectivités territoriales.... Lessentiel des résistances et refus des parties concernées demeurent.

Ce sont les prescripteurs qui ont évolué et prescrivent plus, sans imposer (sauf pour les cas actuels très limité de médiation préalable obligatoire ( ce qui est déjà en soi une évolution qui rejoint, comme expérimentation, ce qui est fait en Italie, par exemple).

Christian ROUSSE

Puisque tu l’évoques ...que penses-tu de la Médiation Préalable Obligatoire ?

 Jacques SALZER

À ce propos, je signale qu’il y aurait eu plusieurs façons de nommer celles-ci. Dommage d’être resté sur le terme obligatoire (ce qui peut gêner ou faire peur, en insistant sur la contrainte). On aurait pu dire: que préalable (à une action en justice - ce qui est un terme plus neutre), sans y accoler le mot « obligatoire » ou choisie après essai (ce qui est un terme qui demeure vrai dans ces cas et ouvrant à la dignité des personnes sans insister sur la contrainte mais sur un vrai choix, après expérience ). Le choix des mots est ici, comme en médiation et dans la vie, une clé importante pour pouvoir non seulement dire les choses mais penser à leur réception.

Chistrian ROUSSE

Et les médiateurs, ont-ils évolué ?

Jacques SALZER

Des médiateurs nouveaux ou pas..., continuent à s’essouffler parfois, de permanence en permanence pour se faire entendre ici ou là en direct, pour intéresser... Il y a des exceptions, pour ceux qui ont beaucoup prouvé et, ayant ont fait leur preuve, ont surpris parfois (J’ai souvent entendu des phrases du type   Lavocat ...ou, la personne concernée me disait « Ça ne marchera jamais ! ».   À la fin lun ou lautre nen revenait pas : « Jamais je naurais imaginé que lon arrive à un accord et, en plus, un accord satisfaisant !). Ils commencent à en avoir le retour car ceux qui ont constaté ces résultats ont commencé à prendre l’initiative d’en redemander pour d’autres cas. Je n’entendais pas autant de témoignages de ce type il y a 20 ans... J’ai même entendu parler d’une entreprise qui a pris « un abonnement mensuel

de médiation ». En cas de différend, elle sait qu’elle peut dans les 48h avoir un médiateur mis à sa disposition (entre membres du personnel ou avec la clientèle). Après, cela dépend de la durée des médiations mais un certain nombre d’heures est garanti par l’abonnement.

Christian ROUSSE

Je crois me souvenir que tu as dautres observations sur les médiateurs… ?

Jacques SALZER

Leur capacité à faire converger patiemment, sans forcer, confiants dans le processus, me semble avoir évolué avec l’expérience. On en retrouve à la FFCM... Il comprend aussi quelques médiateurs œuvrant silencieusement dans leur espace, souvent ignorés des autres et, qui ont une activité soutenue et efficace.  

Un autre point qui me parait important est l’évolution de qualité (le perfectionnement prouvé par les statistiques d’accord, par exemple). Pour ceux qui ont pu dépasser une vingtaine de médiation, sinon une centaine, il se produit un phénomène d’auto-formation par la pratique, comme pour d’autres métiers. Ainsi un médiateur que je connais me disait après quelques dizaines de médiation qu’il arrivait dans l’un de ses domaines d’activité en moyenne à 60 à 70% d’accord. Comme je le rencontrais 3 ans plus tard, je lui posais la question et il me dit qu’il tournait autour de 90% d’accord. Il en était à sa 240ème médiation. J’avoue que je l’ai admiré. Son explication était simple. Bien que me disant que chaque médiation était unique et qu’il se préparait à l’inconnu, il avait intégré, consciemment ou pas, des manières d’être et de faire dont les expériences passées lui avaient montré les effets et qui correspondaient aussi à sa personnalité,

Ainsi la médiation continue à se nourrir d’espoir.

Christian ROUSSE

Mais encore...

Jacques SALZER

J’observe qu’autant qu’il y a 30 ans ... se continue une croyance optimiste dans le monde des médiateurs. Certains, déçus ou impatients, attiré par d’autres activités s’en sont détourné après leur formation (même s’ils en gardent une trace dans leur vie future). Ceux qui restent ont souvent gardé une croyance, comme évidence de bon sens : la médiation, c’est bien et bon à développer pour tous. En fait, c’est le bon sens des médiateurs eux-mêmes par rapport à leur histoires personnelles et histoires sociales. Ils se sont trouvés, je crois, à un moment de leur histoire, motivé par cela. Parfois c’est leur propre médiation interne qu’ils réalisent en même temps qu’ils aident les autres, trouvant ceci utile pour eux. Ils y croient.

Mais ces autres ne sont peut-être pas toujours séduits par cette pratique, même quand on la leur explique (il reste un chemin de progrès à avoir dans la description de la médiation, qui donnerait envie). Ce déficit d’éclairage dans la description demeure. Certains expliquent parfois à Mr Toutlemonde « On ne vous apporte pas de solution, on est neutre, on est indépendant, bien sûr on reste à lextérieur, on est dans la distance... ». Veuillez excuser la caricature... On ressort parfois ce qui a été dit tel quel en formation, Alors que c’est une transformation-adaptation au public, avec des exemples concrets adaptés à leur cas, qui semblerait utile. Il me semble que des gens arrivent à être beaucoup plus convaincu quand on leur raconte des histoires vraies de médiation et qu’on précise ce qui va être différent.

Sinon les personnes concernées continuent à se dire « Ah ! À quoi ça sert ? Jai déjà discuté avec lautre on ny est pas arrivé... ». Il y a à travailler à une clarté lumineuse sur la portée de la médiation et l’évaluation de ses effets

Christian ROUSSE

Merci Jacques pour cette approche éclairante, une fois de plus la richesse de ton propos ma passionné. Jaurais encore au moins une question à te poser sur un aspect que jai découvert récemment : certains disent quun frein à aller vers la médiation en entreprise serait que pour un directeur, chef de service placé lui-même sous la responsabilité de quelqu'un d'autre puisse craindre en signant un accord , quil estime pourtant lui-même satisfaisant , les reproches que pourraient lui adresser les niveaux hiérarchiques au dessus sur les concessions faites . Il préférerait alors que la décision soit prise par un juge , un arbitre. Cela le dégage de toute responsabilité personnelle.

 Jacques SALZER

C’est exact. C’est une résistance dont on parle peu mais qui existe.

J’ai connu, par exemple au cours d’une formation à la médiation, à la chambre de commerce d’ALGER, le président d’une société nationale (sucre). Au bout de deux jours de formation, en fin de journée, ce PDG dit « Cette médiation, cest extrêmement intéressant et utile. Mais moi, je ne vais malheureusement pas lutiliser. Pourquoi ? Parce que le lendemain je risque fort davoir le ministre qui me le reproche : [Mais vous nauriez jamais dû accorder cela…! ] Donc je ne prendrai pas ce risque. »

Dans ces cas, j’ai préconisé qu’en entreprise, à chaque fois que l’on pressent ce risque, le médiateur invite le responsable à consulter son N+1, et s’il y a lieu son N+2 en expliquant pourquoi cela lui parait opportun de signer afin que la décision soit prise à plusieurs.

Christian ROUSSE 

Merci pour cet éclairage de plus. Une dernière idée ?

 

Jacques SALZER

La voie que j’envisage depuis plusieurs années et qui rejoint d’ailleurs l’idée « d’observatoire de la médiation », est celle de l’évaluation quantitative et qualitative des médiations par des organismes extérieurs fiables (CNRS, université…). Il y en a eu peu. D’autres pays comme le CANADA ont dégagé des fonds pour cela. Je pense que c’est ainsi la démonstration par la preuve, dégageant des accords, leur respect, mais aussi les satisfactions /insatisfactions sur la médiation et le processus parcouru par le médiateur, qui donnerait ses chances à la médiation.

 

Christian ROUSSE

La FFCM travaille sur un tel observatoire.

 

(1). Dernier ouvrage paru: La boîte à outils de Gestion des Conflits, J. Salzer & A. Stimec, Ed. Dunod 2018

(2) N°28 -2017/2  DOSSIER   - MÉDIATION, MÉDIATIONS : PROMESSES TENUES ?-

Titre :    Sur un chemin incertain, guidant les personnes et guidé par elles, le médiateur leur offre le risque de s'entendre et s'accorder à travers lui. Mais tout le monde désire-t-il vraiment s'entendre et s'accorder ?